Rédigé par : Gyroscope Finance
La semaine dernière, une nouvelle a provoqué une onde de choc dans l'industrie.
Le 22 octobre, le président Trump a soudainement signé à la Maison Blanche un décret de grâce pour CZ, et l'a rendu public le lendemain. La porte-parole de la Maison Blanche, Caroline Leavitt, a publié une déclaration indiquant : « Le président a exercé le pouvoir que lui confère la Constitution pour gracier M. CZ, qui avait été poursuivi dans le cadre de la guerre menée par l'administration Biden contre les cryptomonnaies. La guerre de l'administration Biden contre les cryptomonnaies est terminée. »
Bien que des rumeurs circulaient déjà en mars de cette année selon lesquelles Zhao Changpeng sollicitait une grâce, la confirmation de la nouvelle a tout de même suscité une réaction enthousiaste sur le marché. Avec la grâce accordée à la figure la plus influente du monde chinois des cryptos, le BNB a immédiatement grimpé, BTC et ETH ont également connu une hausse rare et coordonnée, et les spéculations sur le retour de Binance aux États-Unis ont refait surface.
Après avoir payé une amende colossale et purgé une peine de prison, puis obtenu la grâce et être devenu l'invité de plusieurs présidents, le parcours sinueux de Zhao Changpeng ajoute une nouvelle légende à l'univers des cryptomonnaies.
Revenons en novembre 2023, lorsque Binance a conclu un accord avec le Département de la Justice des États-Unis (DOJ), la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), l'Office of Foreign Assets Control (OFAC) et le Financial Crimes Enforcement Network (FinCEN) concernant les enquêtes sur l'enregistrement, la conformité et les sanctions historiques de Binance.
Zhao Changpeng a finalement reconnu avoir enfreint le Bank Secrecy Act, l'International Emergency Economic Powers Act et le Commodity Exchange Act, en menant des activités de transfert de fonds sans licence, en conspirant et en effectuant des transactions interdites. Il a payé une amende record de 4,368 milliards de dollars, la plus importante jamais infligée par le FinCEN, pour racheter sa liberté.
À l'époque, la plupart des analyses du marché estimaient que Zhao Changpeng, en tant que dirigeant chinois de la plus grande plateforme d'échange mondiale, était victime de persécution politique. Cette persécution était effectivement perceptible : la peine initialement prévue pour Zhao Changpeng était de 18 mois, puis le DOJ a tenté de la porter à 3 ans, mais après avoir plaidé coupable et sous la pression de l'opinion publique, il a finalement été condamné à 4 mois de prison par le tribunal fédéral de Seattle en avril 2024. Selon Zhao Changpeng, le jour de son incarcération, il a subi une fouille corporelle humiliante et son premier compagnon de cellule était un double meurtrier ; il a qualifié cette période de « moment le plus difficile de sa vie ».
En septembre 2024, Zhao Changpeng a été libéré après avoir purgé sa peine. Mais il est évident que cette expérience carcérale lui a apporté bien plus que de la souffrance : elle lui a fait prendre conscience que si la cryptomonnaie n'a pas de frontières, la loi, elle, en a ; même l'industrie crypto doit apprendre à survivre dans les interstices de la politique. De plus, en tant que dirigeant de la plus grande plateforme d'échange crypto, son identité chinoise reste délicate aux yeux des États-Unis, avec des connotations politiques implicites et une marque indélébile de « non-appartenance », même si, du point de vue de la nationalité, Zhao Changpeng est entièrement canadien. Dans ce contexte, il devient crucial de trouver un « grand arbre » sous lequel s'abriter.
C'est peut-être pour cette raison qu'après sa libération en septembre, Zhao Changpeng s'est rendu fréquemment aux Émirats arabes unis et à Hong Kong, rencontrant les régulateurs et commençant à reconstruire son identité politique. Après l'élection présidentielle de novembre et l'arrivée au pouvoir de Trump, un nouveau chapitre s'est ouvert pour la crypto, et Binance ainsi que Zhao Changpeng semblent avoir trouvé une opportunité.
En mars 2025, Binance a annoncé avoir reçu un investissement de 2 milliards de dollars du fonds souverain MGX d'Abu Dhabi, soit 5 % du capital pour 2 milliards de dollars. Au vu des revenus annuels de Binance dépassant les 10 milliards de dollars, on ne peut qualifier cela que de « geste amical ». Plus subtil encore, le règlement de cette transaction de 2 milliards de dollars s'est fait en USD1, le stablecoin lancé par le projet WLFI de la famille Trump. Peu après, Zhao Changpeng a publié sur les réseaux sociaux une photo avec Zach Witkoff, cofondateur de WLFI, et deux semaines plus tard, USD1 a été officiellement lancé sur BNB Chain, bénéficiant d'une large promotion sur la chaîne Binance.
En avril, Zhao Changpeng a officiellement soumis une demande de grâce présidentielle à l'administration Trump. Le signal du tournant est arrivé en septembre, lorsque CZ a modifié la description de son compte X de « ex-@binance » à « @binance », alimentant les spéculations sur son retour. Les capitaux ont été les premiers à réagir : le 22 octobre, les plateformes américaines réglementées Coinbase et Robinhood ont ouvert la négociation du BNB, la finance traditionnelle ne craignant plus Binance, et BNB a fait son entrée sur le marché financier américain.
Finalement, le 23 octobre de cette année, Trump a signé un décret de grâce, annulant la condamnation pénale de Zhao Changpeng. Petite explication sur la grâce présidentielle : lors de la Convention constitutionnelle américaine de 1787, le président s'est vu accorder le pouvoir de gracier ou de commuer la peine de criminels dans certaines circonstances. Les personnes graciées ne portent plus de casier judiciaire fédéral et les restrictions pénales peuvent être levées. Ce pouvoir est confirmé par l'article II, section 2 de la Constitution américaine : à l'exception des cas d'impeachment, le président peut accorder des sursis et des grâces pour les infractions fédérales. En théorie, le champ d'application de la grâce présidentielle est donc très large, à l'exception des personnes destituées par le Congrès ; toute personne ayant enfreint la loi fédérale peut être graciée. À ce jour, Trump a signé plus de 40 décrets de grâce concernant environ 237 personnes, Zhao Changpeng en faisant partie.
En termes d'impact, puisque Zhao Changpeng avait déjà purgé sa peine et payé son amende, la grâce n'apporte pas de réduction de peine effective, ni la possibilité de récupérer l'amende payée ; sa portée est donc avant tout symbolique. Grâce à la grâce présidentielle, le casier judiciaire de Zhao Changpeng est effacé, il retrouve une réputation intacte et peut mieux gravir les échelons politiques et accéder à de nouvelles ressources. Dans une interview avec Caixin en septembre, Zhao Changpeng a également mentionné qu'il consacrerait plus d'énergie à son fonds d'investissement YZi Labs et qu'il avait déjà été invité à servir de conseiller officiel en crypto pour plusieurs gouvernements. Une réputation sans tache peut manifestement lui ouvrir une carrière politique plus prometteuse. Il y a seulement trois jours, Zhao Changpeng a participé à la deuxième réunion en présentiel du Comité national de la blockchain et des cryptomonnaies du Kirghizistan, aux côtés du président Sadyr Japarov.
D'autre part, la décision de justice précédente stipulait que Zhao Changpeng ne pouvait pas participer à la gestion ou aux décisions de Binance pendant trois ans après sa libération, et que Binance devait être supervisé par un responsable de la conformité indépendant, qui rendait compte directement au DOJ. En d'autres termes, toutes les activités de Binance étaient sous la surveillance du DOJ. Bien que la supervision ne puisse être levée par la grâce, la première restriction sur la gestion directe pourrait l'être, permettant à Zhao Changpeng de reprendre la direction de Binance. En fait, compte tenu des controverses actuelles autour de Binance, le marché est loin d'être favorable à l'actuel CEO Richard Teng. Plus encore, Binance pourrait revenir sur le marché américain, ouvrant la porte à une double liquidité, ce qui aurait un impact majeur sur la configuration actuelle des plateformes d'échange américaines.
Pour l'industrie, le retour du « patron » est sans conteste une excellente nouvelle, non seulement parce qu'il confirme une fois de plus le soutien de Trump à l'industrie crypto, mais aussi parce qu'il redonne confiance au secteur. Après l'annonce, le BNB a bondi de 7 %, repassant au-dessus de 1 100 dollars, entraînant également les principales cryptomonnaies à la hausse : Bitcoin est revenu à 110 000 dollars, Ethereum a atteint 4 000 dollars. L'effet domino a été rapide : premièrement, les MEME coins sur Binance ont connu une hausse généralisée à court terme, le Binance Life ayant grimpé de 0,23 à 0,28 dollar (+20 %) ; deuxièmement, les entreprises cotées détenant du BNB dans leur trésorerie ont profité de cette hausse, comme BNB Network Company et Nano Labs. Même le WLFI de Trump en a largement bénéficié, atteignant 0,14 dollar, tandis que la société cotée ALT5 Sigma, détentrice du trésor WLFI, a bondi de plus de 13 % en 24 heures.
Bien sûr, il est impossible de satisfaire tout le monde, et les opposants à Trump sont particulièrement mécontents. En retraçant la chronologie, des rencontres fréquentes avec les Émirats arabes unis à l'investissement d'Abu Dhabi, du selfie avec le cofondateur de WLFI au soutien du stablecoin, de la demande de grâce à son obtention, on voit clairement le fil conducteur reliant Zhao Changpeng au monde politique. Pour le dire simplement, c'est en montant à bord du « grand navire » de Trump que Zhao Changpeng a pu retrouver une réputation intacte.
Fait intéressant, Trump a justifié la grâce en déclarant : « Je ne le connais pas, mais beaucoup disent qu'il est innocent et qu'il a été persécuté par l'administration Biden. » On ignore s'il s'agit d'une précaution publique ou d'une sincérité, mais même si c'est vrai, cela montre simplement que Zhao Changpeng est proche de l'entourage du président, et non qu'il ne connaît vraiment pas Trump. Plus surprenant encore, juste après la grâce, Trump a déclaré à la Maison Blanche qu'en raison du blocage du gouvernement causé par les démocrates, il y avait un manque de fonds pour l'armée, et qu'un « ami formidable qui souhaite rester anonyme » avait envoyé un chèque de 130 millions de dollars pour combler ce déficit. Cela a alimenté les rumeurs selon lesquelles cet ami serait Zhao Changpeng, certains estimant que c'est en offrant une contribution politique que Zhao Changpeng a pu obtenir la grâce.
La véracité de cette histoire de solde militaire reste à prouver, mais le lobbying est une pratique courante à Wall Street. Selon le média politique Politico, et d'après les informations de la société de lobbying Checkmate Government Relations, Binance a engagé fin septembre Ches McDowell, un ami proche de Donald Trump Jr., pour faire du lobbying à la Maison Blanche et au Trésor sur les questions de politique financière et de « recours administratif », pour un montant mensuel de 450 000 dollars. L'avocate spécialisée en cryptomonnaies Teresa Goody Guillén a également révélé avoir reçu au total 290 000 dollars de Binance et Zhao Changpeng cette année pour des activités de lobbying.
En réalité, connaissant le tempérament d'homme d'affaires de Trump, on comprend que la grâce accordée à Zhao Changpeng implique forcément d'importants enjeux financiers et de ressources. Sur ce point, les adversaires politiques de Trump n'ont pas tardé à l'attaquer, l'accusant d'ignorer les lois et de transformer la grâce en une transaction purement intéressée.
Selon AXIOS, les démocrates du Sénat américain prennent des mesures pour condamner officiellement la décision de Trump de gracier Zhao Changpeng. Certains républicains du Sénat ont également critiqué cette grâce, tandis que les démocrates tentent d'en faire un rare sujet de coopération bipartisane pour exprimer leur opposition à la décision de la Maison Blanche. Les attaques des démocrates contre Trump ne datent pas d'hier, et il est peu probable que cela ait un impact significatif cette fois-ci.
Pour revenir au sujet principal, le chemin de la conformité de Zhao Changpeng, bien qu'il marque une étape, est loin d'être terminé. Bien qu'il ait bénéficié de la faveur du gouvernement actuel, prendre parti comporte aussi de grands risques ; une vie politique complexe ne fait que commencer, et c'est aussi la raison pour laquelle les entrepreneurs chinois à l'étranger doivent « naviguer habilement entre les camps ».
Après sa libération, Zhao Changpeng a rapidement exprimé sa gratitude envers Trump, déclarant qu'il « ferait tout son possible pour aider les États-Unis à devenir la capitale mondiale des cryptomonnaies et à promouvoir le développement du Web3 à l'échelle mondiale ».
Le point d'ancrage de ses propos est les États-Unis, ce qui signifie que Zhao Changpeng sait lui-même que, quelle que soit la forme de son retour, le plus grand bénéficiaire doit et sera les États-Unis.
