Alors que les États-Unis frôlaient une nouvelle paralysie gouvernementale, un vote du Congrès pour prolonger le financement fédéral marque un tournant politique majeur. Derrière ce geste budgétaire, les acteurs du secteur crypto scrutent les implications réglementaires, économiques et psychologiques d’un retour à la normale des institutions américaines.

Un accord budgétaire qui redonne souffle aux agences de régulation financière

Le 12 novembre 2025, le Sénat a adopté un texte de financement par 60 voix contre 40 afin d'éviter une nouvelle fermeture du gouvernement fédéral . Ce projet de loi prolonge le budget jusqu’au 31 janvier 2026, sous réserve de validation par la Chambre des représentants et de la signature présidentielle. En toile de fond, cette décision vise à stabiliser les institutions fédérales après plus de 40 jours d'arrêt partiel.

Pour le secteur crypto, ce redémarrage administratif est crucial. Il permet notamment à des régulateurs tels que la Securities and Exchange Commission (SEC) ou la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) de reprendre pleinement leurs activités. Or, ces agences sont en première ligne pour l'examen de dossiers majeurs, comme les demandes de fonds négociés en bourse (ETF) adossés au bitcoin . Un fonctionnement normal des régulateurs pourrait donc accélérer certains arbitrages attendus par les investisseurs.

Gracy Chen, PDG de Bitget, estime que cette reprise institutionnelle « restaure la stabilité et la dynamique au sein des principaux régulateurs comme la SEC et la CFTC ». Selon elle, le redémarrage des opérations va permettre d’accélérer la validation de produits innovants, notamment les ETF, en s’appuyant sur les efforts préparatoires comme la demande de Canary pour un ETF XRP — initiative qui a illustré la résilience du secteur face à l’incertitude réglementaire.

En ce sens, l’issue budgétaire n'est pas qu’un répit politique : elle pose les bases d’une relance de l'activité réglementaire, d’un regain de liquidité grâce à des règles plus claires, et d’un renforcement de la confiance des acteurs institutionnels.

Entre incertitudes macro et manque d’élan, bitcoin peine à profiter du contexte

Malgré cette accalmie institutionnelle, les données récentes montrent que le marché crypto reste dans une phase d’attentisme. Les ETF Bitcoin ont enregistré des entrées très limitées — à peine 1,2 million de dollars — signalant une prudence persistante des investisseurs institutionnels. Bitcoin a même reculé de 3,4 %, s'établissant autour de 101 300 $, alors que les marchés actions et l’or progressaient.

Ce contraste souligne une dynamique particulière : le retour à la normale politique ne suffit pas à redonner confiance aux détenteurs d’actifs numériques. Plusieurs vents contraires pèsent sur la cryptosphère : un dollar fort, des rendements obligataires élevés, une inflation sous surveillance, et une perte de momentum général dans le secteur.

Contrairement à 2019, où Bitcoin avait bondi de 300 % dans les mois suivant une précédente fermeture gouvernementale, les conditions actuelles ne sont pas réunies pour une reprise comparable. Les analystes pointent le fait qu’un éventuel rebond passera désormais par un alignement de plusieurs facteurs : un assouplissement monétaire clair, des signaux macro favorables, et une dynamique haussière renouvelée des ETF.

Un retour à la normale qui pose les bases d’une reprise, mais sans garantie immédiate

L’adoption du texte de financement par le Congrès américain marque une étape décisive pour le retour au fonctionnement complet de l'État fédéral. Ce retour à la normalité administrative est salué par les régulateurs et les acteurs économiques, mais son effet sur les cryptomonnaies reste mesuré.

Pour Gracy Chen, ce mouvement institutionnel « devrait catalyser le lancement de nouveaux produits, améliorer la liquidité du marché et renforcer la confiance des investisseurs en envoyant un signal de stabilité réglementaire accrue ». En d’autres termes, l’écosystème crypto pourrait bénéficier d’un cadre plus prévisible et mieux intégré aux circuits financiers classiques — à condition que les signaux macroéconomiques suivent.

Les prochaines semaines seront donc décisives pour évaluer si cette stabilité retrouvée se traduit par un regain d’intérêt pour les actifs numériques ou si d'autres catalyseurs devront encore entrer en jeu.