Les chercheurs de Columbia accusent Polymarket de manipuler ses volumes
Alors que les marchés de prédiction séduisent un public plus large, une équipe de Columbia publie un travail qui remet en cause une partie de l’activité sur Polymarket. Le cœur de leur thèse tient en peu de mots : une part significative du volume viendrait de wash trading, ces allers-retours factices qui gonflent l’impression de liquidité.
Le papier n’est pas encore relu par les pairs, mais il pose des questions qui comptent pour les traders comme pour les régulateurs. Et il oblige à séparer l’intérêt du produit (parier sur des événements réels) des moyens employés pour afficher de la traction.
Ce que montre l’étude
Les auteurs observent une poussée d'”échanges artificiels” à partir de l’été 2024, avec des pics mensuels élevés, puis un reflux partiel avant une nouvelle hausse en octobre 2025. En cumul, ils estiment qu’environ un quart du volume sur trois ans serait du wash trading. Le message de l’étude n’est pas “tout est faux”, mais “une tranche non négligeable est falsifiée”.
C’est assez pour biaiser des métriques que beaucoup lisent au premier degré, comme la croissance, la profondeur, ou le taux d’adoption.
Dans les détails, l’équipe s’appuie sur une détection réseau plutôt que sur des indicateurs simples type “même adresse qui achète et vend”. L’idée est de repérer des motifs relationnels entre comptes qui s’achètent mutuellement de façon répétée, à des instants et tailles caractéristiques.
Ce n’est pas une accusation juridique. C’est une cartographie de comportements qui, statistiquement, ressemblent à de la mise en scène d’activité.
Pourquoi le volume compte vraiment
Le volume, c’est plus qu’un chiffre d’ego. Il conditionne l’exécution et, surtout, la confiance. Sur un order book fin, 100 000$ de volume réel n’ont pas le même sens que 100 000$ d’allers-retours stériles.
Des market makers ajustent leurs spreads sur la rotation perçue. Si une portion est gonflée artificiellement, les spreads se resserrent à tort et l’écosystème prend un risque de réputation.
Le problème est d’autant plus délicat pour un marché de prédiction. Ici, le prix encode une probabilité implicite. Si de faux volumes amènent de faux signaux, l’utilité même du produit s’érode.
Les signaux contradictoires sur l’activité réelle
Le narratif concurrent, c’est celui d’une croissance organique : plus d’utilisateurs, plus de marchés, plus de mise en scène médiatique autour des élections et des grands événements. Ce narratif peut être vrai et coexister avec des volumes artificiels. Ce n’est pas exclusif.
La question est la proportion et l’effet net sur la qualité d’exécution.
Lien de l’étude : https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=5714122
Certains analystes mettent en avant la progression des comptes actifs et des mises nettes comme contre-poids. Très bien. Mais si 20% à 60% d’un mois donné relèvent d’un pattern d’auto-négociation, l’interprétation des courbes doit changer.
Les métriques comme les dépôts nets en dollars, les cash-outs, ou les profits utilisateurs agrégés après frais, deviennent plus pertinentes.
Ce que cela implique pour Polymarket et les régulateurs
Pour Polymarket, l’enjeu n’est pas seulement marketing. Il est opérationnel et réglementaire. Aux États-Unis, la frontière entre marché de paris, produit dérivé et valeur mobilière est déjà complexe. Ajouter une suspicion d’activité artificielle invite à un surcroît de vigilance.
La plateforme peut réagir en renforçant la surveillance comportementale et en publiant un tableau de bord au sujet de son volume, auditable par des tiers. Cela coûte, mais c’est nécessaire pour un statut durable .
En attendant, traders comme plateformes ont tout intérêt à agir comme si la conclusion était au moins partiellement vraie. Mieux vaut s’aligner maintenant sur des standards de transparence que d’attendre une injonction. Le pari le plus payant à long terme, ici, c’est la confiance.
Pour aller plus loin sur le sujet :
- Avis Polymarket : comment y gagner des cryptos ? Tutoriel détaillé
- Polymarket, Limitless, Myriad, Kalshi : l’avenir de l’adoption grand public dans le Web 3 ?
- X fait de Polymarket son partenaire Web 3 pour lancer sur son réseau des marchés prédictifs
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