Le Canada frappe fort : 177 M$ d’amende contre un acteur crypto, l’AML se durcit
Le Canada envoie un signal inédit au secteur. Le régulateur FINTRAC a infligé une amende record de 177 millions de dollars à Xeltox Enterprises Ltd. (Cryptomus) pour manquements graves aux obligations anti-blanchiment. L’affaire marque un tournant pour la conformité des plateformes, avec un message simple : zéro complaisance.
Ce que reproche FINTRAC, et pourquoi c’est historique
Les manquements s’étalent de juillet à décembre 2024. La plateforme n’aurait pas transmis plus de 1 000 rapports de transactions suspectes. Elle n’aurait pas déclaré 1 518 transferts supérieurs à 10 000 dollars. Par ailleurs, une directive ministérielle qui concerne des flux en provenance d’Iran aurait été ignorée. En clair, la chaîne de conformité a lâché au moment où la vigilance devait être maximale.
Le contexte des flux aggrave également le dossier. D’après FINTRAC, l’agence a identifié des schémas reliés à la fraude, à des ransomwares et à la diffusion de contenus pédocriminels. Dans les faits, l’absence de remontée des alertes prive les autorités d’un maillon clé. La directrice Sarah Paquet a résumé l’enjeu : ces violations touchent directement la criminalité financière et l’évasion de sanctions. Dès lors, la sanction se veut exemplaire.
L’amende de 176 960 190 dollars dépasse de très loin le précédent record (cas KuCoin quelques mois plus tôt). Le différentiel illustre le changement d’échelle : la tolérance est terminée, et les pénalités suivent.
Ce que dit la loi canadienne, et ce que change ce cas
Le cadre canadien impose des règles connues. D’abord, la vérification d’identité des clients. Ensuite, une évaluation des risques et la déclaration des opérations douteuses. Enfin, l’obligation de rapporter les mouvements cash/crypto au-dessus des seuils. Dans les faits, l’affaire Cryptomus coche presque tous les interdites.
Par ailleurs, le signal inter-agences se renforce. En mai 2025, la Commission des valeurs mobilières de Colombie-Britannique a déjà suspendu l’entreprise pour irrégularités. Les régulateurs canadiens avancent ensemble. La marge de manœuvre pour les plateformes non conformes est de plus en plus étoite.
Plus largement, FINTRAC rappelle que le secteur des monnaies virtuelles a atteint un point critique. La croissance attire des usages illicites et des tentatives d’évitement des sanctions. Dès lors, la doctrine est claire : conformité totale, ou exclusion du marché.
Les implications pour l’écosystème : procédures, clients, réputation
D’abord, les opérateurs vont devoir resserrer leurs processus. Il s’agit d’industrialiser la détection des atypies, d’automatiser les rapports et de sécuriser le monitoring des juridictions à risque. Ensuite, l’organisation interne doit suivre. Les équipes KYC/AML et sûreté ont besoin de moyens, de journalisation et d’une traçabilité irréprochable. L’hygiène de conformité devient un avantage concurrentiel, car elle réduit le risque juridique et protège la licence.
Côté utilisateurs, la confiance peut remonter si la transparence s’impose. Mais la surveillance accrue allongera parfois les délais et alourdira les procédures. Cette contrainte est néanmoins le prix d’un écosystème durable. À ce stade, le Canada cherche à assainir pour mieux attirer des acteurs responsables.
L’enjeu est aussi réputationnel. Le pays ne veut plus passer pour une zone grise face aux États-Unis ou à l’Union européenne. Cette sanction record fonctionne comme un test grandeur nature. Si l’application devient systématique, d’autres juridictions comme le Royaume-Uni ou l’Australie pourraient imiter la méthode.
La société peut encore faire appel, mais la brèche est ouverte. Les acteurs qui comptent rester au Canada devront documenter chaque étape, auditer leur chaîne AML et prouver leur capacité à signaler sans délai. À ce stade, le précédent est posé. Le marché devra s’adapter. La complaisance n’a plus de place dans la crypto nord-américaine.
Source : FINTRAC
Pour aller plus loin sur le sujet :
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