Une publication inattendue de l’indice des prix à la consommation (CPI) aux États-Unis, prévue le 24 octobre alors que l’administration fédérale fonctionne en mode restreint, suscite une attention accrue. Ce calendrier inhabituel, quelques jours avant une réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, place les marchés dans une position d’attente tendue. Les actifs numériques, très sensibles aux anticipations de taux, pourraient réagir fortement à la tournure des événements.
Une publication en dehors des standards, à l’approche d’une décision monétaire
Le Bureau of Labor Statistics a indiqué que les chiffres de l’inflation seront publiés un vendredi, une configuration qui ne s’était pas produite depuis janvier 2018. Ce changement coïncide avec une période de shutdown administratif aux États-Unis, ce qui perturbe le fonctionnement normal des agences fédérales. Cette publication interviendra cinq jours avant une réunion du comité fédéral de l’open market, le Federal Open Market Committee (FOMC), chargé de fixer les taux d’intérêt directeurs.
Les projections divergent selon le niveau d’inflation qui sera communiqué. Si le CPI dépasse 3,1 %, la Réserve fédérale pourrait choisir de maintenir ses taux en l’état. À l’inverse, une inflation en repli pourrait signaler un ralentissement de l’activité, ce qui ouvrirait la voie à une baisse de taux dès cette session. Les membres du FOMC devront donc équilibrer les risques inflationnistes et les signes de fragilité économique.
Dans ce contexte, certains analystes du secteur crypto anticipent un effet de levier sur les marchés numériques. Ryan Lee, chef analyste chez Bitget, estime qu’une baisse de 25 points de base, ramenant les taux dans une fourchette de 3,75 à 4,00 pour cent, pourrait stimuler l’afflux de capitaux vers les actifs numériques. Une telle mesure renforcerait la prise de risque et redirigerait les flux vers des actifs comme le bitcoin, l’ether ou encore des altcoins comme Solana et XRP.
Le marché crypto oscille entre regain d’intérêt et attentes mesurées
Les cryptomonnaies ont montré des signes de reprise ces derniers jours. Le bitcoin a progressé de 3 %, et les volumes d’échange ont nettement augmenté. Cette dynamique semble soutenue par un apaisement des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine, ce qui favorise l’ensemble des actifs jugés risqués.
Malgré ce regain, les signaux de prudence dominent. D’après Ted Pillows, le seuil de confirmation d’un mouvement haussier durable pour le Bitcoin se situe autour de 112 000 dollars. En l’absence de catalyseur fort, une simple hausse technique ne suffit pas à valider une nouvelle tendance de fond. Le chiffre de l’inflation attendu cette semaine pourrait donc faire basculer l’équilibre.
Parallèlement, les signaux d’ouverture vers une intégration plus poussée des actifs numériques dans le système financier traditionnel se multiplient. La conférence sur l’innovation des paiements, récemment organisée par la Réserve fédérale, illustre cette évolution. Ryan Lee souligne que cette initiative pourrait faciliter l’accès des entreprises crypto aux infrastructures bancaires classiques, tout en réduisant les contraintes réglementaires. Cette évolution structurelle permettrait d’attirer davantage d’acteurs institutionnels et de renforcer les flux d’investissement vers les actifs tokenisés.
À moyen terme, l’adoption plus large des stablecoins dans les paiements en dollars pourrait remodeler l’architecture du marché. La convergence entre finance traditionnelle et finance décentralisée devient plus tangible. Un environnement unifié permettrait aux utilisateurs de transférer et d’échanger de la valeur de manière fluide entre ces deux mondes encore séparés.
Le CPI reste un indicateur de premier plan pour les décisions monétaires. Toutefois, dans un contexte aussi inhabituel, la manière dont il sera interprété par la Réserve fédérale pourrait s’avérer déterminante. Le marché crypto se tient prêt à ajuster ses anticipations, dans un environnement où chaque signal macroéconomique peut peser lourd sur les dynamiques en cours.